Comme chacun le sait, le début de l'année 2010 sera au moins
aussi riche que cette fin d'année en termes de nouveautés. Annoncé pour
le 27 avril prochain, Red Dead Redemption
fait sans nul doute partie des titres majeurs sur lesquels il faudra
compter l'année prochaine. Mercredi dernier, Gamersyde était convié à
une présentation exclusive du jeu dans un grand hôtel parisien des
Champs Élysées. En voici donc le compte rendu détaillé, et si la
lecture s'annonce longue, elle est aussi riche en informations.
MAJ: Ajout d'une vidéo de gameplay.
Retour vers le futurPetit retour en arrière. En mai 2002, Capcom annonce le développement
d'un jeu d'action à la troisième personne ayant pour originalité
première son contexte historique : le Far West. Malgré l'engouement de
la presse et des joueurs pour l'idée, Red Dead Revolver (puisque c'est
de lui qu'il s'agit) sera finalement abandonné un an plus tard par les
studios de l'éditeur japonais. Heureusement, en juillet 2003, voilà que
le jeu ressort des cartons grâce à Rockstar qui récupère la licence des
mains de Capcom. Red Dead Revolver sort finalement en juin 2004 sur
Xbox et Playstation 2 et propose un jeu sympathique, malgré quelques
défauts. L'ambiance très western spaghetti apporte un petit peu de
fraicheur dans l'industrie vidéo-ludique et, grâce à des musiques
signées Enio Morricone (empruntées à des vieux films méconnus), on s'y
croirait presque.
Février 2009, Rockstar annonce Red Dead Redemption, une suite qui n'en
est finalement pas vraiment une, puisque, ni le contexte historique
(l'histoire se passe 30 ans après les évènements du premier épisode),
ni le héros, ne sont les mêmes. À la différence du premier opus
récupéré en cours de route, Rockstar a cette fois pu suivre tout le
processus de création du jeu. En résulte un titre mélangeant savamment
action, exploration et développement du personnage principal. Alors,
GTA au pays des Indiens ? Oui, mais pas seulement.
Il était une fois dans l'OuestÉtats-Unis, 1911. L'Ouest sauvage vit ses dernières heures, bientôt
rattrapé par la civilisation, la vie moderne et l'industrialisation
montante. La conquête de l'Ouest n'est bientôt plus qu'un lointain
souvenir, une page de l'histoire américaine est sur le point de se
tourner. Un point de départ original pour un scénario qui devrait,
comme à l'accoutumée chez l'éditeur américain, faire l'objet du plus
grand soin. Le joueur entre dans la peau de John Marston, un ancien
hors-la-loi pris malgré lui dans un imbroglio d'évènements qui va
l'obliger à traquer ses anciens partenaires. La quête classique de la
recherche du salut qui amènera le héros à une éventuelle rédemption.
La présentation a débuté par une séquence où le joueur était laissé
complètement libre dans un magnifique environnement désertique. À
cheval sous un soleil de plomb, John Marston traverse les grands
espaces du sud des États-Unis, ce qui l'amènera à croiser la destinée
d'un certain nombre de personnes. L'une des grandes nouveautés dans la
structure même du jeu est le fait qu'au gré de ses déplacements, le
joueur sera témoin d'évènements aléatoires qui se déclencheront sur son
chemin. Un soldat dont les prisonniers viennent de se faire la belle,
un paysan attaqué par des bandits ou même maltraité par l'armée
mexicaine, un train de voyageurs pris d'assaut ou bien encore un voleur
de chevaux qui prétextera avoir besoin d'aide pour mieux vous dérober
votre monture si vous avez le malheur de trop vous approcher. Voilà une
liste non exhaustive des rencontres que le héros pourra faire et sur
lesquelles il pourra décider d'influer s'il lui prend l'envie
d'intervenir. Rien n'oblige cependant le joueur de faire quoique ce
soit, et il lui sera donc possible de poursuivre tranquillement sa
route. Ce type de missions annexes ne se présente donc plus de manière
classique dans le sens où, que l'on décide ou pas de s'en mêler,
l'évènement en question aura bien lieu. Mais quel intérêt (autre que de
s'occuper un peu entre deux missions) pour le joueur ? Tout simplement,
faire fluctuer ses barres de respect et de réputation, deux éléments
centraux du gameplay de Red Dead Redemption. Ces dernières auront en
effet une vraie influence sur le comportement de la population, en
permettant par exemple d'obtenir des réductions dans les différentes
échoppes, d'avoir accès à un plus grand éventail de missions ou même de
se voir défié en duel régulièrement par des as de la gâchette en mal de
reconnaissance.
Mon nom est personneSachez également que si le joueur se laisse aller à enfreindre la loi,
sa tête sera mise à prix et pourra le rester pour toute la durée du
jeu. Pour vous donner un exemple concret, lors de la présentation,
l'employé de chez Rockstar qui était derrière la manette a décidé de
s'attaquer à des soldats de l'armée mexicaine qui venaient fureter un
peu trop près d'un groupe de dissidents qui s'étaient réunis en ville.
Après s'être couvert le visage de l'immanquable foulard, Marston a donc
abattu les soldats avant de s'enfuir au galop pour échapper à ses
poursuivants. Dans ce genre de situations, un sigle WANTED apparaît en
haut à droite de l'écran et se vide plus moins lentement en fonction de
l'habileté du joueur à semer les hommes à sa poursuite. Si une fois à
l'abri, on ôte son foulard, le niveau d'alerte se met à descendre
encore plus rapidement mais, et c'est là que les choses deviennent
intéressantes, le sigle WANTED ne disparaît jamais complètement de
l'écran.
Désormais, la ville où vous avez commis l'irréparable enverra
régulièrement des hommes sur vos traces, vous obligeant à rester sur
vos gardes à chaque instant. Bien sûr, en fonction du nombre de
victimes que vous aurez faites, la prime sur votre tête variera, et
avec elle le nombre de chasseurs de prime lancés à vos trousses.
Heureusement, il est possible de se racheter une conduite et d'obtenir
une grâce qui effacera complètement votre ardoise. Pour cela, il faudra
par exemple aider un commandant de l'armée à sauver l'un de ses seconds
retenu prisonnier dans un des nombreux avant-postes qui parsèment le
jeu. Une fois la lettre de pardon obtenue, il faudra impérativement la
ramener au shérif le plus proche, sans quoi votre avis de recherche ne
sera jamais levé.
What a wonderful worldRed Dead Redemption propose le monde ouvert le plus grand jamais
réalisé par Rockstar, rien que ça. Trois grands territoires seront en
effet au programme, le tout sans qu'aucun temps de chargement ne vienne
entacher l'expérience de jeu : West Elisabeth et New Austin pour les
États-Unis et Nuevo Paraiso pour le Mexique (le jeu se déroule le long
de la frontière américano-mexicaine). Aussi, vous imaginez bien qu'avec
un tel terrain de jeu, les voyages occuperont une grande partie de
votre temps (bien qu'il sera possible de voyager rapidement d'un lieu à
un autre grâce à divers moyens de transport). Comme dans l'antique
Colorado de feu Silmarils, les sauvegardes prendront la forme de
campements de fortune qu'il faudra établir au milieu des grandes
étendues traversées. Pour ce faire, il faudra au préalable investir
dans des kits spéciaux que vous pourrez utiliser à l'endroit de votre
choix, en pleine nature hostile. Selon le niveau du kit utilisé, vous
pourrez en profiter pour faire le plein de munitions et de provisions.
Une fois un camp établi, il le restera pour toute la durée de
l'aventure, ce qui veut tout simplement dire qu'il sera possible de
l'utiliser pour sauvegarder à chaque fois que vous serez amenés à
repasser dans cette zone. On se dit donc que le choix de l'emplacement
devra être mûrement réfléchi pour qu'il soit un minimum stratégique.
Qui dit Rockstar dit monde vivant et riche en activités diverses et
variées. Et bien sûr, Red Dead Redemption ne semble pas faillir à la
règle. Il y aura par exemple de nombreux animaux et, si on n'a pas
vraiment voulu nous en dire plus sur les différentes manières
d'interagir avec eux, on nous a promis qu'ils tiendraient un rôle
important. De là à penser qu'il sera possible de chasser pour survivre,
il n'y a qu'un pas que je me garderai bien de franchir. On nous a par
contre appris qu'il sera possible de capturer des chevaux sauvages au
lasso, puis de les dresser dans le but de les revendre à bon prix.
Sachant que, selon la race, les chevaux auront des aptitudes bien
différentes (endurance, vitesse, résistance etc), le jeu promet une
bonne diversité au niveau des montures disponibles. Et puisque l'on en
vient à parler chevaux, sachez que, comme le préconise le proverbe, il
sera bon de savoir ménager sa monture. En effet, à trop vouloir pousser
votre cheval dans ses derniers retranchements, vous risquez de le voir
exprimer son mécontentement, d'abord par quelques coups de tête, et
enfin, par une ruade assassine.
Wild Wild WestMais la faune ne sera pas la seule représentation de l'Ouest sauvage
puisqu'il ne sera pas rare de croiser des bandits recherchés. Lors de
vos passages en ville, vous pourrez tomber sur un shérif en train
d'accrocher un avis de recherche au mur. Libre à vous alors de
récupérer l'affiche et de partir à la recherche du hors-la-loi sur le
champ. De façon assez classique, vous devrez vous acquitter de cette
mission en ramenant votre cible morte ou vive, à condition de penser à
ramener une preuve si elle ne vous laisse pas d'autre choix que de
l'abattre. En choisissant de ramener le criminel vivant, vous aurez
droit à une sorte de jeu dans le jeu puisqu'il vous faudra le trainer à
cheval, attaché au bout de votre lasso, en prenant garde à ne pas aller
trop vite (à moins de vouloir arriver en ville avec un cadavre au bout
du fil...).
Toujours au rang des activités annexes, la chasse au trésor sera elle
aussi de la partie. Après avoir découvert (ou acheté) une carte, le
joueur devra s'aider des quelques indications y figurant pour découvrir
l'endroit où est enterré ledit trésor. Aucune indication sur le radar
pour vous aider dans votre quête, aussi, un sens aigu de l'observation
est plus que conseillé. Argent, armes, munitions ou même nouvelles
cartes au trésor seront au menu pour motiver le joueur. Les villes
offriront également un maximum de variété dans les activités proposées
avec par exemple celles que l'on pourra trouver dans les fameux saloons
: parties de poker ou de Black Jack, bras de fer, simple verre et même
moments de détente avec les prostituées locales feront partie des
réjouissances nocturnes.
Viva la revoluciónMais, comme je le disais plus haut, Red Dead Redemption a pour ambition
première de raconter une véritable histoire, et, qui dit trame
scénaristique travaillée, dit missions principales un peu plus
scriptées. À la différence de GTA cependant, la construction des
missions se veut moins dirigiste et plus ouverte. Dans les faits, cela
veut dire qu'on pourra plus facilement se détourner de son objectif
principal pour aller vaquer à d'autres occupations.
Nous avons assisté à un exemple de mission avec la classique séquence
cinématique d'introduction, dans le plus pur esprit Rockstar. Alors que
Marston pénètre à l'intérieur d'une maison, Reyes (un ami mexicain peu
pudique) fait de même avec une jeune fille, sur la table de la cuisine
par dessus le marché. La représentation assez crue de la scène fera
certainement sourciller les esprits les plus puritains, mais le moins
que l'on puisse dire, c'est qu'on aura rarement vu aussi réaliste dans
un jeu vidéo.
La mission se décompose ensuite en quatre parties distinctes. Pendant
la première, vous devrez conduire un charriot rempli de dynamite
jusqu'à un point B, tout en faisant la conversation avec Reyes. Une
phase qui n'est pas sans rappeler GTA, mais qui pourra être passée à
l'envie pour les plus pressés. Par la suite, Reyes vous demande de
placer le charriot à la porte d'un fort que lui et ses amis veulent
investir pour soulever le gouvernement mexicain en place. Puisque votre
ami l'étalon mexicain ne manque pas d'humour, il allume l'une des
mèches votre charriot, vous laissant un temps limité pour atteindre
l'entrée du fort (au passage, n'oubliez pas de sauter au bon moment si
vous ne voulez pas que le charriot le fasse à votre place avec vous
encore à son bord). Vient ensuite une phase plus classique de tir où
vous devrez vous frayer un chemin à l'intérieur du fort pour le
débarrasser de ses occupants et en particulier de son commandant. Pour
finir, vous devrez défendre le fort des assauts extérieurs à l'aide
d'un canon de l'armée, une façon explosive de terminer ce crescendo de
violence sauce Tex-Mex.
El Dorado ?Du point de vue strictement technique, le jeu utilise bien sûr le
moteur maison de Rockstar, et de fort belle manière. La distance
d'affichage est réellement impressionnante et le pop-up agressif de GTA
semble d'ores et déjà beaucoup plus discret. Même le désagréable effet
de flou n'est plus qu'un mauvais souvenir car beaucoup plus harmonieux
désormais. Le jeu comporte bien évidemment un cycle jour/nuit et je
dois dire que le travail sur le rendu de la lumière aux différents
moments de la journée a non seulement gagné en réalisme, mais également
en chaleur grâce à des couleurs beaucoup moins ternes. L'ensemble en
devient donc beaucoup plus cohérent et naturel. À ceci s'ajoutent des
textures plus qu'honnêtes dans un jeu de cette envergure, le tout
enrobé d'un framerate déjà assez solide (plus fluide en pleine nature
qu'en ville cependant). Le premier contact visuel avec le jeu est donc
assez saisissant et il nous plonge directement dans l'ambiance
poussiéreuse des terres hostiles du grand Ouest.
Côté animations, une évolution du moteur Euphoria est à l'œuvre et cela
se voit dès le premier coup d'œil. Qu'il s'agisse du cheval (il faut le
voir prendre appui sur ses pattes avant pour freiner lorsque celui-ci
dévale une pente un peu raide) ou de Marston et de ses ennemis, le
résultat est bluffant de réalisme. Impressionnant également de
constater l'effet des balles sur les corps de nos adversaires. Selon la
zone touchée, ils ne réagiront pas de la même manière et si une balle
dans le torse fera par exemple reculer un ennemi, cela ne l'empêchera
pas forcément de repartir à l'attaque si la blessure n'a pas été
mortelle. Tout cela apporte beaucoup de crédibilité aux différentes
situations et, du peu qu'il nous a été donné de voir, les progrès
depuis GTA IV sont réels.
Niveau jouabilité, on se gardera bien de dire quoi que ce soit puisque
nous n'avons pas été autorisés à toucher à la manette. Si je décide
d'en parler malgré tout, c'est parce qu'il me semble que c'est là que
reste le gros du travail d'ici la fin du mois d'avril prochain.
Difficile d'être catégorique puisque cela pouvait venir de la personne
qui était aux commandes, mais il semble que l'on retrouve cette
impression de lourdeur propre aux gunfights de GTA IV. Si le héros est
clairement moins pataud que Niko dans ses déplacements, la visée
manuelle semble encore manquer de précision en l'état actuel des
choses. D'après ce qu'il nous a été donné de voir, on est encore bien
loin de la rapidité et la précision d'un Uncharted 2 ou d'un Gears of
War 2. Le lock automatique (à priori toujours d'actualité) et le mode
Dead Eye (sorte de ralenti permettant de tirer en rafales) donneront
toujours une alternative efficace aux moins habiles d'entre nous mais
on espère vraiment que la visée sera rendue plus dynamique d'ici la
sortie. On attendra cependant d'avoir pu nous y essayer nous-mêmes pour
être catégoriques.
IMPRESSIONS GÉNÉRALESUne
grosse demi-heure, voilà ce qu'aura duré ce premier contact avec une
version récente de développement de Red Dead Redemption. Une demi-heure
seulement et pourtant déjà tant de choses à dire. Et pourtant, nous
sommes encore bien loin d'avoir eu les réponses à toutes nos questions.
On n'ose d'ailleurs même pas imaginer le contenu de la galette à sa
sortie si Rockstar parvient à intégrer toutes les bonnes idées qu'ils
semblent avoir en tête. Étourdissant ? Certainement. Prometteur ? Il le
serait à moins. Avec des environnements variés et une architecture
différente selon les villes traversées (et leur situation
géographique), des grands espaces à parcourir à cheval (entre autres),
un personnage que l'on pourra façonner au fur et à mesure de ses choix,
une ambiance terriblement bien rendue grâce notamment à une musique
(non définitive) qui flirte entre le jazz et le western, dire que le
jeu m'a littéralement emballé serait un doux euphémisme. Si vous avez
toujours rêvé de faire claquer vos éperons sur le plancher d'un saloon
crasseux ou bien de siffler votre fidèle monture avant de partir au
galop dans le soleil couchant tel un cowboy solitaire loin de chez lui,
je vous conseille vivement de garder un œil sur le nouveau bébé de
Rockstar. Rendez-vous on l'espère très bientôt pour une vraie prise en
main du jeu et la confirmation (ou non) de toutes ces bonnes
impressions.
vidéo :
http://www.gamersyde.com/telecharger_red_dead_redemption_gameplay-13856_fr.html